Le Médoc de Pauillac est situé en rive gauche de la Gironde, entre Saint-julien-Beychevelle au sud et Saint-Estèphe au nord, soit une quinzaine de kilomètres de berges. Le territoire de cette unité de paysage s’étend sur sept à huit kilomètres vers l’intérieur des terres, regroupant une étroite bande littorale marécageuse et des coteaux viticoles. Les cours d’eau du marais de Beychevelle (jalle jalle terme gascon signifiant "cours d’eau" du Nord, chenal chenal canal (souvent élément d’un réseau de drainage) ou voie d’accès navigable du Milieu et jalle jalle terme gascon signifiant "cours d’eau" du Sud) forment une rupture nette au sud, de même que le chenal chenal canal (souvent élément d’un réseau de drainage) ou voie d’accès navigable de la Calupeyre et l’estey estey petit chenal ; partie d’un cours d’eau se trouvant à sec à marée basse d’Un au nord. La morphologie et les sols autour de ces canaux ont maintenu, en arrière des coteaux, quelques poches exemptes de vigne, exceptions notables dans ces paysages de terroirs.
CISSAC-MEDOC
CUSSAC-FORT-MEDOC
PAUILLAC
SAINT-ESTEPHE
SAINT-JULIEN-BEYCHEVELLE
SAINT-LAURENT-MEDOC
SAINT-SAUVEUR
SAINT-SEURIN-DE-CADOURNE
VERTHEUIL
Un vignoble ouvert sur l’estuaire
Si les reliefs restent modestes de ce côté de l’estuaire, ils offrent tout de même des paysages légèrement vallonnés et des coteaux doux mais bien lisibles : c’est sans doute la berge la plus marquée par la topographie sur la rive médocaine de l’estuaire. Découpées et bosselées par quelques vallons, ces pentes s’achèvent à peu de distance du rivage, réduisant les marais à une portion congrue. Les vignes trouvent ici, encore une fois, un milieu propice à leur culture, et elles s’étendent sans concurrence, des ’hauteurs’ sableuses du plateau jusqu’au pied des coteaux graveleux.
Ces vignes, dont la terre est le plus souvent laissée à nu, donnent à voir un sol de graves, blanc et lumineux. Quelques rares haies ou arbres isolés viennent à peine perturber ces étendues sans fin de vignoble ; le bâti lui aussi est peu nombreux. Les domaines viticoles apportent un peu de variété dans ces paysages : des parcs flanquent certains châteaux, parfois avec des ’emprunts’ aux paysages voisins (champs ouvrant une perspective sur l’estuaire à Château Beychevelle, jardin étendu dans les marais à Château Crock) ; des allées plantées en accompagnent quelques autres, ou encore des clôtures serties d’un portail monumental. Sur les coteaux, ces éléments d’apparat sont parfois tournés vers l’estuaire, bien en vue depuis la route en contrebas.




Les marais et la berge, interface avec l’estuaire
Si l’emprise première du marais était ici déjà réduite, étant donné la proximité au rivage du coteau, les aménagements et artificialisation plus récents ont encore diminué sa surface au nord de Pauillac. Mince bande de terre en prairies, parfois piquées d’arbres, la rive marécageuse donne à voir l’ampleur de l’estuaire, qui se révèle autant depuis les hauteurs des coteaux que depuis la route D2E2 en contrebas. Celle-ci, accompagnée d’alignements de platanes plus ou moins préservés, est un axe majeur pour la perception des paysages de l’estuaire : se glissant entre Gironde et coteaux viticoles, elle parcourt les marais et traverse Pauillac et son port.Au fil des berges, diverses activités littorales se dessinent, chacune à une échelle différente.
Si les cabanes à carrelets sont les installations les plus réduites, elles marquent le paysage par leur nombre conséquent, témoin de l’importance de cette pratique. Quelques ports se lovent dans les esteys : accessibles par des chenaux très réduits, ils accueillent de petites embarcations de pêcheurs ou de plaisanciers, flottant ou reposant sur les fonds vaseux au gré des marées. Pour les gabarits plus importants, le port de plaisance de Pauillac est un refuge mieux approprié : accueillant quelques dizaines de bateaux, il jette ses pontons récents en avancée sur l’estuaire, à l’abri d’épaisses palplanches.
Mais c’est à proximité du port pétrolier, juste au nord de Pauillac, que la confrontation avec les navires est la plus saisissante : plus ou moins dissimulés par les végétaux des marais, les gros porteurs se révèlent à la vue, en vis-à-vis des énormes cuves de la raffinerie. Le paysage de nature industrielle offert par l’usine trouve alors son complément dans le va-et-vient des bateaux amarrés à ses pontons. Ces pratiques diverses font de l’estuaire un espace vivant, ses paysages s’enrichissant de ces activités.








Les corridors transversaux des vallons alluvionnaires
Au-delà des croupes graveleuses des coteaux, quelques étendues marécageuses s’étalent en amont des chenaux. Ainsi, au long de la jalle jalle terme gascon signifiant "cours d’eau" du Breuil, du chenal chenal canal (souvent élément d’un réseau de drainage) ou voie d’accès navigable de la Calupeyre ou du Graveyron, des terres humides restent inaptes à la culture viticole, bien que parcourues par des réseaux importants de canaux drainants. Ce sont alors quelques prairies et des boisements (mixtes ou feuillus) qui prennent place dans ces vallons alluvionnaires. Perceptibles depuis les hauteurs, ils s’intercalent entre les buttes couvertes de vignes, diversifiant la composition de ces paysages.

Des pressions urbaines variables
Les villages, situés sur les hauteurs et non dans les basses terres marécageuses, ont une organisation plutôt compacte, et leurs cœurs urbains denses ne laissent que peu de place à l’espace public. Si la valeur des terres viticoles renommées permet de préserver cette structure dense pour certains villages, ceux situés à proximité de prairies ou de boisements voient souvent leurs extensions s’égrener au long des routes, sans planification cohérente. Deux communes plus importantes articulent cette unité : Pauillac, la principale, sur les berges, et Saint-Laurent-Médoc, plus modeste, sur la lisière. Pauillac bénéficie de sa situation portuaire : le long front bâti donnant sur la Gironde crée la seule ambiance urbaine des rives de l’estuaire.
Le large espace du port et le double alignement de platanes, peu valorisés aujourd’hui, offrent de grandes opportunités d’aménagement. A Saint-Laurent-Médoc, c’est la forêt qui peut jouer ce rôle et conférer une certaine qualité aux nouveaux quartiers : les lisières et massifs permettraient d’accompagner la croissance urbaine et de développer des espaces publics de qualité.







Enjeux de protection / préservation
La qualité des paysages viticoles : gestion soignée des abords des vignes (bandes enherbées, bords de routes, fossés...).

Le patrimoine des châteaux et de leurs parcs : classement des bâtiments et jardins à protéger dans les documents d’urbanisme, mise en place d’outils.
Enjeux de valorisation / création


Les berges de l’estuaire : aménagements urbains des quais de Pauillac, protection et renouvellement des alignements d’arbres, traitement des abords de la RD2E2.
Les sites des ports : aménagement des abords des ports, création de liaisons douces jusqu’aux ports.
Enjeux de réhabilitation / requalification
Les espaces publics des villages : réaménagement des voiries, réduction de l’emprise de la voiture et création d’espaces de circulations privilégiés pour les piétons et cyclistes, aménagement d’espaces accueillants dans les bourgs.

Les extensions urbaines des villages de lisière : arrêt du développement des constructions, définition de zones non constructibles dans les documents d’urbanisme, inscription dans les paysages des constructions existantes par la mise en place de lisières urbaines plantées.

Les périphéries de Pauillac et Saint-Laurent-Médoc : densification des zones urbaines lâches, connexion au centre par des circulations adaptées aux piétons et cyclistes, aménagement d’espaces publics de qualité dans ces marges.
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