A l’extrémité nord-est du département, l’Isle et la Dronne s’écoulent de chaque côté des collines de la Double avant de confluer en aval de Coutras. Leurs vallées, présentant des paysages et une organisation assez semblables, sont larges - les coteaux sont espacés d’environ 4 km - et très plates, mais marquées par des terrasses alluviales peu élevées, aux ruptures nettes. Formant les lisières des massifs forestiers du nord, les boisements des coteaux encadrent ces vallées et soulignent leurs limites. Sur le territoire girondin, l’Isle parcourt 15 km et la Dronne 13 avant leur confluence, définissant une unité de paysage assez réduite, bien distincte de la partie avale de la vallée de l’Isle, car moins pâturée et d’avantage boisée et bâtie. De nombreuses voies de communication se glissent dans ces corridors naturels (A89, voies ferrées, RD1089, RD674...) desservant les nombreuses communes implantées ici : les Peintures, Coutras, Saint-Médard-de-Guizières, Saint-Seurin-sur-l’Isle...
ABZAC
CAMPS-SUR-L’ISLE
CHAMADELLE
COUTRAS
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LAGORCE
LE FIEU
LES EGLISOTTES-ET-CHALAURES
LES PEINTURES
PETIT-PALAIS-ET-CORNEMPS
PORCHERES
PUYNORMAND
SABLONS
SAINT-ANTOINE-SUR-L’ISLE
SAINT-MEDARD-DE-GUIZIERES
SAINT-SAUVEUR-DE-PUYNORMAND
SAINT-SEURIN-SUR-L’ISLE
Une morphologie soulignée par les boisements

Bien que peu élevés - entre 30 et 60 m environ - les coteaux forment clairement le cadre de ces vallées : couverts de boisements, ils présentent un horizon forestier continu qui délimite le paysage. Ils sont également dissymétriques : pour l’Isle comme pour la Dronne la rive droite présente un profil très abrupt, et la gauche une pente nettement plus douce. Là encore, c’est la couverture boisée qui permet d’unifier l’ensemble.


Si le fond de vallée, quant à lui, est dépourvu de forêts, il n’est pas dénué de présence arborée, loin s’en faut : ripisylves, haies, alignements, friches et peupleraies assurent une importante présence végétale, tant visuellement qu’en termes de structure paysagère. Depuis les hauteurs, ces vallées peuvent donc apparaître très boisées, du fait de cette succession de rideaux.


Un autre facteur vient enrichir le relief : deux terrasses se succèdent au pied des coteaux, séparées par une rupture plus ou moins marquée, le fond de vallée étant formé d’un sol alluvionnaire tandis que des boulbènes constituent les replats supérieurs. Si le socle des collines de la Double est délimité par une ’marche’ franche - notamment en rive droite de l’Isle - les pieds de coteaux du Landais et de la Double Saintongeaise sont prolongés par des terrasses moins lisibles. Dans tous les cas, les implantations urbaines d’origine soulignent souvent les bordures de ces paliers : quelques alignements de maisons installées en balcon marquent les limites bâties anciennes ; ailleurs, c’est l’enfrichement de ces talus difficilement exploitables qui signalera leur présence par les boisements. Les lits majeurs actuels des rivières sont aussi bornés par ces limites topographiques, les méandres de l’Isle se glissant au pied de ces berges abruptes.
Une urbanisation linéaire importante, guidée par les infrastructures



Ces deux vallées sont très marquées par les infrastructures de transport, qui ont induit un développement purement linéaire de l’urbanisation, entraînant aujourd’hui des situations prononcées de continuums urbains. La voie ferrée et la D674 en rive gauche de la Dronne, la voie ferrée, la D1089 et la A89 en rive gauche de l’Isle, complétées par la D10 sur sa rive droite : toutes ces installations parallèles organisent les vallées en fuseaux de communications, au long desquels se regroupent les implantations urbaines.

Si la carte de Cassini montre une occupation importante dès le XVIIIème siècle, les extensions récentes, sous forme d’urbanisation linéaire au long des voies, ont créé des couloirs bâtis coupés de leur contexte, depuis lesquels le paysage environnant est à peine perceptible.

De ce fait, de nombreux villages-rues, aujourd’hui traversés par des axes majeurs, n’offrent pour ainsi dire aucun espace public : le traitement de la voirie, purement routier, ne prend pas en compte la place du piéton. Les voies très larges ne permettent pas de réguler la vitesse du trafic, on ne trouve pas de trottoirs, mais seulement des accotements de graviers... Pour compenser ce manque, certaines municipalités ont tendance à multiplier les mobiliers urbains, créant des situations de sur-aménagement et des espaces complexes et confus.


Entre ces villages, le bâti s’étire en longues séries de bâtiments pavillonnaires, suite de maisons banales avec jardinet, en retrait de la route et accompagnées de haies opaques de thuyas.

Lorsque la route départementale est déviée au-delà du village, la rue principale peut échapper à un tel traitement, et conserver un caractère villageois si les aménagements sont judicieux - tout en pouvant bénéficier du patrimoine bâti formé par les façades anciennes.
Une prédominance des terres labourées, mais une présence valorisante de prairies pâturées

Si la majorité des terres agricoles est occupée par des cultures labourées (maïs notamment) organisées en vastes parcelles, les pâturages gardent une place importante dans ces paysages. On les rencontre surtout en fond de vallée, enclos au sein des larges méandres de la rivière, ou bien en pied de coteaux. Des alignements et haies les accompagnent, organisant presque des bocages, encore bien maintenus par les pratiques pastorales. Ripisylves et alignements au long des berges complètent la composition de ces paysages, ouverts par la pâture mais cloisonnés par ces structures végétales.


A proximité des espaces urbanisés, ces prairies sont trop souvent fragilisées par le bâti récent. Les logements pavillonnaires s’implantent sans prise en compte de ce contexte aux structures précises, dépassant ces écrans arborés, et malmènent les paysages ruraux. Les clôtures disgracieuses et haies de type thuyas ne permettent pas une intégration réussie : aucune transition n’adoucit la rencontre entre ces éléments.

Ailleurs, ce sont les peupleraies qui remplacent les prairies, ou bien l’enfrichement qui gagne sur les pâtures (notamment sur les coteaux).
Un patrimoine bâti et des structures urbaines en bords de rivières



L’importance passée des rivières en termes de communication et d’activité (transport, commerce, minoterie...) explique la présence de patrimoine bâti sur les berges de celles-ci. Moulins et hangars, ouvrages hydrauliques, ou encore façades bâties et quais apportent à Coutras et Saint-Seurin-sur-l’Isle une qualité architecturale qui fait leur qualité et leur originalité.
L’ancienne usine de Laubardemont, à la confluence, représente également un élément intéressant de patrimoine industriel, malheureusement peu valorisé car peu perceptible depuis la route.

Si les bordures de terrasses alluviales formaient autrefois une structure et une limite pour les implantations urbaines, les constructions plus récentes se sont affranchies de cette contrainte. On rencontre beaucoup d’extensions installées dans le lit majeur des rivières, malgré les éventuels risques d’inondation.

Les espaces importants offerts en contrebas des terrasses ont souvent été investis par des quartiers pavillonnaires ou des équipements, sans cohérence avec le territoire et sans prise en compte des risques existants, générant des effets d’arrière-cours : accumulations désordonnées de bâtiments, absence de soin des espaces extérieurs...
Haut de pageEnjeux de protection / préservation

Le patrimoine lié aux rivières (moulins, barrages, ponts, entrepôts...) : protection par inscription aux documents d’urbanisme, rénovation et réhabilitation, valorisation par la mise en place d’itinéraires de promenade.
Les prairies dans la vallée et en pied de coteaux : limitation du développement des peupleraies, classement des abords des prairies en zones non constructibles, relance de la pratique de la pâture, gestion des lisières forestières.
Les nombreux sentiers de randonnée : entretien des chemins, mise en réseau des itinéraires, publication de cartes et plaquettes informatives, maintien de la servitude de marchepied pour l’accessibilité des rivières.
Enjeux de valorisation / création
Les berges des rivières : valorisation des espaces de pâtures arborées, création de sentiers de promenade, inscription des équipements (bases nautiques) dans les paysages des berges.

Le patrimoine bâti industriel : rénovation et réhabilitation, transformation selon les besoins communaux (logements, équipements culturels...).
Enjeux de réhabilitation / requalification

L’urbanisation sans organisation sur les berges : réinscription des bâtiments dans une trame paysagère, création de liaisons douces avec les villages sur les terrasses.

Les voies urbaines très routières : réduction de l’emprise des voies pour ralentir la circulation, développement de l’espace dédié aux piétons et aux circulations douces, aménagement de l’espace public.

L’urbanisation linéaire au fil de la D1089 et de la D674 : instauration de limites nettes pour l’extension des villages et maintien de coupures d’urbanisation, ouverture de fenêtres paysagères sur la vallée.

L’urbanisation en nappes pavillonnaires (architectures banales, haies de thuyas...) : constitution d’espaces publics dans ces quartiers, mise en place de liaisons douces vers les bourgs les plus proches, inscription dans le site par la création de lisières agro-urbaines plantées aux limites d’urbanisation.
Le traitement des espaces publics des bourgs : réaménagement des centres anciens, créations de liaisons douces entre le bourg et les quartiers alentour, réduction de la place de la voiture au bénéfice des circulations douces, confortement des tissus bâtis des centres bourgs.
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