Tandis que Garonne et Dordogne se rapprochent l’une de l’autre, le territoire de l’Entre-Deux-Mers se resserre et les reliefs s’accentuent : les vallons, étroits et escarpés, dessinent dans cette unité un paysage plus accidenté, aux crêtes plus franches. Les boisements s’implantent principalement dans les thalwegs, tandis que viticulture et urbanisation se partagent les hauteurs. A proximité de l’agglomération bordelaise, la pression foncière se fait sentir : Créon et Sadirac se situent dans des paysages marqués par une présence notable du bâti, notamment sur le parcours de la RD671.
ARBIS
BARON
BONNETAN
CAMARSAC
CAMBLANES-ET-MEYNAC
CAMIAC-ET-SAINT-DENIS
CAPIAN
CARDAN
CARIGNAN-DE-BORDEAUX
CENAC
CREON
CROIGNON
CURSAN
DONZAC
ESCOUSSANS
FARGUES-SAINT-HILAIRE
HAUX
LA SAUVE
LANGOIRAN
LAROQUE
LATRESNE
LE POUT
LIGNAN-DE-BORDEAUX
LOUPES
MADIRAC
MOURENS
OMET
RIONS
SADIRAC
SAINT-CAPRAIS-DE-BORDEAUX
SAINT-GENES-DE-LOMBAUD
SAINT-LEON
SALLEBOEUF
SOULIGNAC
TABANAC
TARGON
VILLENAVE-DE-RIONS
Un socle remodelé qui apporte une grande richesse topographique
Hérité des dépôts calcaires du Tertiaire, le large ’plateau’ de l’Entre-Deux-Mers a été fortement remodelé depuis. Des mouvements souterrains ont bosselé sa surface, tandis que des graves la recouvraient par nappes et que des cours d’eau y creusaient des vallons. Aujourd’hui, ce socle est parcouru de longues entailles là où ces affluents rejoignent la Garonne, tandis qu’une haute dorsale boisée le surplombe, soulignant d’ouest en est la ligne de partage des eaux et marquant la limite nord de l’unité. Ces caractéristiques topographiques apportent une richesse certaine aux paysages de l’Entre-Deux-Mers de Créon.
Des reliefs plus marqués et soulignés par les boisements


Cette partie sud-ouest de l’Entre-Deux-Mers présente un relief assez accidenté, découpé par les vallées de l’Euille, de la Pimpine et de leurs affluents. Les vallons sont ici plus encaissés que dans l’Entre-Deux-Mers de Sauveterre et plus étroits que dans l’Entre-Deux-Mers nord ; les collines s’arrondissent également. De plus, bien que les surfaces plantées de vigne soient à peu près équivalentes aux surfaces boisées, les forêts prennent beaucoup plus d’importance dans les paysages : installées principalement en fond de vallons - mais aussi plus rarement sur les coteaux et aux sommets des buttes - elles participent de la composition du paysage, se prolongeant par des haies arborées et des bosquets. Cette répartition s’explique aussi par la pédologie : on trouve ici des sols lessivés, où se mêlent argiles et sables, moins favorables à la vigne.
L’abbaye de la Sauve Majeure


L’abbaye de la Sauve Majeure, fondée en 1079 et implantée à mi-chemin entre la Garonne et la Dordogne, tire son nom de la ’Silva Major’, la forêt qui occupait ces terres avant le défrichage. Son positionnement sur les chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle en fait un lieu d’étape et un point de départ régional du pèlerinage, lui permettant de prospérer rapidement : elle est agrandie dès le XIIème siècle. Rapidement devenue l’une des abbayes les plus importantes du sud-ouest, elle rivalise avec Bordeaux en richesse et en influence, et totalise une cinquantaine de prieurés, répartis jusqu’en Angleterre.Cette opulence suscite de nombreux pillages, auxquels s’ajoutent les dégâts de la Guerre de Cent Ans : au XVIème siècle, de grands travaux de restauration et de fortification sont entrepris.
Mais l’abbaye est déjà sur le déclin, et voit son influence décroître. Ses biens lui seront confisqués après la révolution, et les bâtiments utilisés comme prison. Les voûtes s’effondrent au début du XIXème siècle, et les ruines font alors office de carrière pour la construction du village. Malgré cela, le bâtiment récupéré par l’Etat en 1960 offre aujourd’hui encore un témoignage exceptionnel de l’art roman du XIIème siècle. La tour-clocher, le chevet, le chœur en ruine et ses chapiteaux sculptés, ont justifié un classement en tant que monument historique dès 1840, étendu depuis aux terrains alentour. De plus, l’abbaye est inscrite sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1998, au titre des chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle.
La bastide de Créon
Au début du XIVème, Edouard II, roi d’Angleterre et duc d’Aquitaine, voit son influence directement concurrencée en Entre-Deux-Mers par l’abbaye de la Sauve Majeure, qui concentre les commerces et la population tandis que lui ne possède pas de ville dans les environs. C’est pour pallier à cette situation qu’est fondée la bastide de Créon en 1315, au croisement des routes Bordeaux-Sauveterre et Libourne-Cadillac, afin d’affirmer la puissance politique et économique du duc.

Créon suit l’organisation traditionnelle des bastides : les rues se croisent à angle droit, dessinant un plan orthonormé organisé autour d’une large place centrale. A proximité de celle-ci, dans le prolongement de l’angle sud, se dresse l’église, première cause de friction avec l’abbaye qui refuse d’abord que Créon devienne une paroisse autonome. C’est sur le plan commercial que s’exerce ensuite la concurrence : un marché hebdomadaire et des foires régulières sont organisés à Créon, qui gagne progressivement en influence. La ville devient d’ailleurs le siège de la Grande Prévôté Royale de l’Entre-deux-Mers jusqu’à la révolution.

Aujourd’hui chef-lieu de canton, Créon ne dispose plus de l’influence économique et politique qu’elle a exercée dans le passé. La ville se tourne aujourd’hui résolument vers le tourisme : la reconversion récente d’anciennes voies ferrées en pistes cyclables, et l’implantation d’un point relais vélo, en ont fait une commune pilote en matière de cyclotourisme, proposant des circuits accessibles de découverte des paysages de l’Entre-Deux-Mers.
Une pression foncière notable qui transforme les paysages

Situé directement à l’est de la campagne résidentielle, l’Entre-Deux-Mers de Créon subit une influence certaine de l’agglomération bordelaise. Les quartiers de développement récent y sont nombreux, principalement sous la forme d’urbanisation linéaire et de lotissements pavillonnaires. Cette tendance présente un risque d’uniformisation des paysages à l’échelle de l’unité : la construction au long des voies et le mitage réduisent fortement les coupures d’urbanisation, créant presque des continuités bâties entre certains villages (la RD115 entre Créon et Sadirac par exemple). Quelques vallons sont colonisés par les constructions qui s’y installent (La Sauve, Sadirac...).


Ces phénomènes sont particulièrement notables aux abords de Créon : autour des limites anciennes de la bastide se multiplient les quartiers pavillonnaires en cul-de-sac. Cette urbanisation lâche banalise les paysages à proximité de la bastide, dévalorisant l’héritage architectural et urbain du bourg ancien. De même, la zone commerciale La Ferrière, située à l’est sur la RD671, dessine une entrée de ville médiocre.
Haut de pageEnjeux de protection / préservation


Le patrimoine bâti : inventaire des constructions patrimoniales, entretien et restauration.
Les structures végétales anciennes : entretien et renouvellement des haies, enrichissement et prolongement des structures existantes
Enjeux de valorisation / création

Les espaces publics des villages : aménagement au bénéfice du piéton, mise en place d’espaces de convivialité, création de liaisons piétonnes et cyclistes entre le centre et les extensions....
Enjeux de réhabilitation/requalification
Les abords de Créon : maîtrise du développement urbain, densification des extensions existantes, requalification des entrées de ville.
Les extensions récentes : inscription dans les paysages alentour par la plantation d’espèces adaptées, mise en place de liaisons douces piétonnes et cyclistes vers les centres-bourgs.


L’enfrichement des vallons : gestion des friches par le pâturage et les prairies de fauche....
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